La lutte contre
la maladie du sommeil est conditionnée par la nature particulière de la maladie
et des populations concernées. Aucun symptôme évocateur ne permet le diagnostic
précoce qui, seul, permet un traitement simple avec un risque réduit. La
maladie survient généralement dans des zones rurales d'accès difficile, même si
de plus en plus de foyers urbains se développent actuellement. Les populations
à risque sont souvent méconnues faute de recensements réactualisés.
Sans vaccin, la
population humaine ne peut être protégée contre le risque de maladie du sommeil
et doit être surveillée en permanence. Mais un second paradoxe apparaît: des
techniques diagnostiques performantes et des protocoles thérapeutiques
efficaces existent mais sont peu employés sur le terrain, faute de moyens.
Le problème
économique n'est qu'en partie responsable de cette situation. En matière
d'intervention médicale, les campagnes de dépistage, quand elles sont faites,
ne couvrent pas les véritables zones à risque. Ne pouvant accéder partout, les
équipes de prospection se limitent bien souvent aux villages accessibles qui ne
sont pas toujours les plus touchés par l'endémie. Ainsi, la population visitée
n'est pas celle qui est soumise au plus grand risque. Une majorité des malades,
ceux qui vivent dans les hameaux reculés ou dans les campements ainsi que
certains étrangers qui hésitent à se présenter aux autorités, échappent aux
contrôles.
La crainte du
traitement et celle des examens comme la ponction lombaire expliquent également
le refus de se présenter aux campagnes de dépistage. La toxicité des
trypanocides, quel que soit le savoir-faire du personnel médical, est connue
des populations qui redoutent le traitement, d'autant plus que la plupart des
malades ne présentent pas de symptômes évidents de la maladie et que des
personnes en bonne santé apparente décèdent à la suite de l'administration du
médicament.
La principale
conséquence de ces insuffisances est le maintien de réservoirs de parasites
permettant ainsi au vecteur de se transmettre. Certes, le réservoir humain
n'est pas le seul: outre le porc, réservoir animal domestique, des rongeurs et
des antilopes constituent un réservoir sauvage. Aucune technique n'est
actuellement disponible pour assainir le réservoir animal. Cependant, on vient
de montrer qu'en l'absence de transmission continue, le porc guérit
spontanément de son infection, ce qui pourrait être également le cas des autres
réservoirs animaux. Cela justifie amplement la lutte antivectorielle:
l'élimination des tsé-tsé, surtout dans les zones endémiques, laisse du temps
pour identifier et soigner les malades. tout en protégeant la population contre
l'infection et assainissant le réservoir animal. La chaîne de transmission
pourrait ainsi être interrompue.