Les méfaits de
la glossine semblent connus depuis l'Antiquité puisque des textes anciens
mentionnent la piqûre d'insectes entraînant la mort du bétail dans les contrées
reculées de la haute Égypte. L’historique de la tsé-tsé et des trypanosomoses a
été écrit en 1929 par Hegh.
La première
mention «scientifique» de la glossine remonte à la fin du XVIIIe
siècle. L’explorateur J. Bruce, lors de ses voyages en Nubie et en Abbyssinie,
rapporte l'existence d'une mouche piqueuse, la Tsaltsalya en éthiopien.
Toutefois, la description qu'il en fait et ses croquis font plutôt penser à un
insecte de la sous-famille Pangoninae [7].
Entre 1792 et
1796, en Sierra Leone, le naturaliste A. Afzelius récolte des insectes parmi
lesquels Wiedemann, en 1830, fera la première description du genre Glossina et
de l'espèce Glossina Iongipalpis.
En 1816, le
long du fleuve Congo, J. Cranch, lui aussi naturaliste, capture une mouche qui
ne sera décrite que quatorze ans plus tard par Robineau-Desvoidy sous le nom de
Nemorhina palpalis (l'actuelle Glossina palpalis).
À la même
époque, le rôle de la glossine dans la transmission d'éventuelles maladies est
alors toujours ignoré. Un entomologiste, J. Macquart prétend même que, du fait
de la ténuité de ses pièces buccales, cette espèce ne peut se nourrir que de
jus sucré.
Entre 1836 et
1838, dans le Transvaal, Trigardt, son escorte et son troupeau, sont agressés par
des mouches hématophages au niveau des gués qu'ils traversent. Une partie du
bétail meurt au bout de deux semaines. Après avoir traversé des régions où les
indigènes sont incapables de maintenir le moindre bétail, il ne lui reste plus
un seul animal. Il est certain que des tabanidés (insectes hématophages comme
la glossine) ne peuvent provoquer de tels dégâts en si peu de temps. Des
observations similaires sont faites dans la même région par d'autres
explorateurs.
En 1846, au
Transvaal et au Bechouanaland, R. Cummings cite, pour la première fois, le mot
«tsé-tsé» qui pourrait être d'origine Matabélé ou Zoulou. La même année, un
échantillon de tsé-tsé provenant du fleuve Limpopo est expédié à Londres par C.
Oswell et F. Vardon : cet exemplaire servira à Westwood pour décrire Glossina
morsitans en 1850.
En 1852, Arnaud
décrit une mouche provenant d'Afrique du Sud dont les piqûres tuent les
animaux. Austen doute encore de cette identification et affirme qu'il s'agit
toujours d'un tabanidé.
En 1857, D.
Livingstone est le premier à faire des observations «bio-écologiques et
éthologiques» sur cette espèce. Il commence à suspecter la tsé-tsé de
transporter un «poison» dont le germe est inoculé lors de la piqûre. Mais le
rôle vecteur de certains insectes ne sera admis et prouvé que vingt ans plus
tard. En 1895, David Bruce est le premier à mettre en évidence la relation
entre le trypanosome (connu, lui, depuis la moitié du XVIIIe siècle),
la trypanosomose animale (la Nagana) et la tsé-tsé [8].
Ce n'est que
dix ans plus tard que les mêmes découvertes seront faites sur la trypanosomose
humaine. En 1913, Roubaud et Bouet précisent l'évolution cyclique de chaque
type de trypanosome à l'intérieur de la glossine.