Peu de
parasitoses ont motivé, autant que la trypanosomose, un aussi grand nombre de recherches dans tous les
domaines de la chimie thérapeutique. Plusieurs scientifiques réputés, au
premier rang desquels figurent Laveran, Koch, Fourneau, ont été associés à ces
recherches.
La première
substance utilisée contre des trypanosomes l'a été en 1867 par Livingstone, sur
son cheval, alors qu'il était au bord du lac Tanganyika et qu'il devait
traverser une zone infestée de glossines. Il s'agissait de la solution de
Fowler, de l'arséniate de potassium à 1 %.
En 1893,
Lingard utilise de l'arsenic acide sur des chevaux atteints par la surra (due à
Trypanosoma evansi, du même sous-genre que Trypanosoma brucei).
En 1896, Bruce
utilise le même produit sur du bétail ayant la Nagana. Cette même année, Bruce
découvre que la Nagana et la maladie du sommeil sont dues à une espèce de
trypanosomes (connue depuis sous le nom de Trypanosoma brucei) et
qu'elles sont transmises par la glossine.
En 1902, Dutton
identifie et nomme le trypanosome responsable de la maladie humaine (Trypanosoma
brucei gambiense). La même année, à l'Institut Pasteur de Paris, Laveran et
Mesnil proposent, comme traitement, l'injection en sous-cutanée d'une solution
à 0,4 % d'arséniate de sodium [13]. Depuis, et malgré des progrès
considérables, les arsenicaux ont toujours joué un grand rôle dans le
traitement.
A partir de
1905, l'utilisation de l'Atoxyl® (sodium-p-amino-phényl arsonate), connu depuis
1863, représente un grand tournant dans le traitement de la THA [14].
D'autres
molécules sont testées entre 1916 et 1920 avec pour principal résultat la
découverte du pouvoir trypanocide de la suramine (Moranyl®). En 1918, le
glyphénarsine (Tryparsamide®) est mis au point. C'est un dérivé de l'AtoxyI®,
plus actif que celui-ci en deuxième période mais inefficace sur Trypanosoma
brucei rhodesiense. Il présente, malheureusement une toxicité pour le nerf
optique; en 1930, au Cameroun, du fait d'un surdosage, il va entraîner la
cécité de près de 700 personnes.
La recherche
est alors relancée pour trouver un traitement alternatif : ce sera le
mélarsoprol ou Mel B (Arsobal®). En 1940, Friedheim propose le mélarsan
(disodium p-melaminyl-phenyl arsonate), extrêmement toxique; puis, en 1944, il
décrit une forme trivalente appelée mélarsénoxide dont l'efficacité sur l'homme
est démontrée en 1948. L'adjonction de BAL (British Anti Lewisite), dès 1949,
abaisse sa toxicité d'un facteur proche de 100 alors que son efficacité n'est
diminuée que de 2,5.
Parmi les
médicaments mis au point, il faut faire une place spéciale à la pentamidine (Lomidine®),
car elle a servi pendant des années à protéger massivement les populations
exposées. Toutes les personnes, malades ou non, vivant dans un foyer de la
maladie du sommeil, recevaient une injection de Lomidine®. On l'appelle alors
la «lomidinisation» que certains anciens considèrent, à tort, comme une
vaccination. C'est une chimioprophylaxie. Elle est utilisée pour la première
fois à Nola (RCA) en 1946 et mise en place dès 1947 au Congo, en 1950 au Gabon
(Mayombe) ; elle ne sera pas utilisée au Cameroun avant 1952 [15].
Depuis quelques
années, on utilise un médicament, l'alpha-difluoro-méthyl-ornithine (DFMO),
conçu pour le traitement de certains cancers [16].